Après les rencontres Edge le mois dernier, me voici parti sur les routes vendéennes pour élire le meilleur jeu de l’année 2011 du site Tric-Trac, le plus gros site francophone sur les jeux de société. On me voit ici et là
Sur les dix sélectionnés, je n’en connaissais vraiment que deux, plus deux autres où je n’avais joué qu’une seule partie de découverte grâce à l’association ludique locale. Il m’en restais donc six à découvrir totalement.
Je mets ci-dessous mon avis pour chacun de ces jeux, gardez à l’esprit qu’il ne s’agit que d’un avis personnel. En particulier, si vous êtes joueur occasionnel, vous n’aimerez pas forcément les jeux qui me plaisent alors essayez-les !
10. Through the ages D’abord un jeu de civilisation pour moi se joue forcément sur une carte. On ne peut se passer de géographie pour construire une civilisation, on surveille ainsi ses proches voisins, on se barricade derrière un fleuve ou une chaîne de montagne… Les armées mettent ainsi du temps à franchir les distances. Dans TTA, rien de tout ça, n’importe qui attaque n’importe qui sans délai. (ou presque)
Après, une civilisation pour moi possède un leader et des caractéristiques qui la différencie de ses voisins. A TTA, chacun possède un plateau neutre avec exactement le même départ.
Ensuite, on passe son temps à déplacer des cubes jaune et bleu sur son plateau individuel. Savoir ce qu’ils sont sensé représenter n’a aucun intérêt. Sans compter qu’on se trompe très souvent dans le calcul, en toute bonne foi.
Enfin, chacun joue son tour à la suite. Aucune phase ne se joue tous ensemble. Vous pouvez donc sortir votre iPad pour vous occuper le temps que les copains jouent. Alors que vous souhaiteriez vivement que le cauchemar se termine rapidement, plus le temps passe et plus ça dure longtemps car le nombre d’action augmente !
Pour terminer, mon dernier grief est que, comme au surf, si vous avez loupé la vague, vous n’avancez plus ! Si vous ne suivez pas le rythme du développement, la marche devient bien vite trop haute pour vous pour espérer rattraper les autres. Et cela sans parler des règles militaires qui incitent les plus forts à taper sur le plus faible sans se taper entre eux.
J’en ai fait une partie complète aux TTd’Or et dès le début, j’ai vu que ce jeu ne me convenait pas. Je suis resté stoïquement pour que mes caramades puissent juger le jeu (ils ont apprécié) mais pour ma part, j’ai découvert une nouvelle forme de torture. Au bout de 7h (sept heures !!), ce jeu a réussi à me dégoûter de jouer. Je ne pensais même pas que c’était possible !
Enfin, pour être honnête, si un lecteur souhaite tout de même tester le jeu : démarrez bien comme l’expliquent les règles, d’abord une partie avec seulement le premier âge puis les deux premiers puis la guerre… ne vous laissez pas embarquer dans une partie complète !
9. Sobek En général, je ne suis pas fan des jeux de Bruno Cathala et j’avais donc un a priori négatif. La première partie l’a confirmé. Ses jeux ne me conviennent pas, beaucoup trop de hasard en général. Du hasard dans la pioche des cartes, dans l’effet des personnages et à la fin dans l’effet de la corruption. Vous perdez ou gagnez sans pouvoir rien y faire. C’est un jeu pour ceux qui aiment voir défiler des cartes mais alors, autant jouer à la bataille.
8. Olympos Je n’aime pas le graphisme et je n’ai pas accroché sur la mécanique. Je reconnais toutefois une certaine originalité dans l’utilisation des sabliers pour déterminer l’ordre du tour. L’effet d’accumulation pour l’achat des merveilles est aussi intéressant même si, pour des joueurs expérimentés, cela provoque l’effet inverse : ils voient tout de suite le chemin vers la victoire. Pour moi, l’édition n’est pas assez aboutie.
7. Troyes Ce jeu est encensé par beaucoup mais je n’ai pas accroché. Je n’ai pas aimé les pelletées de dés lancés pour pas grand chose et le thème est très mal rendu. Je réfléchis en terme de dés noirs, blancs, jaunes et rouges ce qui n’a rien d’excitant. Mais peut-être n’étais-je pas de bonne humeur ce jour là. A retester.
6. La Gloire de Rome Pour tout dire, j’y ai joué deux fois mais sans les bonnes règles. Il m’a fallu donc reconstruire Rome quasiment sans aucun matériau disponible, ce qui rend les parties bien plus âpres. L’idée d’assigner quatre fonctions à chaque carte rend le jeu touffu, c’est à dire un poil trop complexe pour qu’il soit agréable. De plus, je trouve que les cartes sont un peu déséquilibrées dans leurs effets. Dans le même style, je conseille fortement Race for the Galaxy.
5. Navegador Voilà un jeu parfaitement dimensionné pour faire jouer des néophytes. Les règles sont simples (nonobstant un point délicat à expliquer sur le fonctionnement des usines), le plateau et le matériel sont beaux et plaisants. Les actions sont décrites sur une roue qui tourne en sens horaire, chaque joueur est incité à ne considérer que les trois prochaines actions donc il n’y a pas matière à (longue) réflexion si bien que même à cinq joueurs, les tours sont fluides. Ajouter à cela, un astucieux mécanisme de bonus partagé entre les joueurs et vous avez un jeu plaisant et court. (1h à 1h30) Pourquoi est-il cinquième alors ? On en fait rapidement le tour car il est relativement linéaire.
4. Norenberc C’est le dernier jeu qu’il me restait à découvrir dimanche matin avant de rendre mon vote le midi. Les autres participants étaient très négatifs sur ce jeu, aussi je craignais ce que j’allais découvrir. J’ai fait une partie à trois et il m’a plu. Il s’agit d’un jeu de marchands, achat et revente de marchandises doublé d’un jeu de majorité. Pour chaque type de marchandise, le plateau annonce à l’avance le prix des marchandises, il ne reste donc plus qu’à jouer avec les cours d’un tour sur l’autre. Il faut donc anticiper l’achat pour être majoritaire et il faut vendre parcimonieusement pour se renflouer. Bien sûr, il existe quelques tuiles pour se faire quelques mauvais coups entre joueurs et influencer les cours sinon ce ne serait pas drôle. Enfin, le matériel est superbe et vraiment plaisant à manipuler. Que lui reproche-t-on alors, à ce jeu ? Il semble que la plupart se plaignait de la longueur des parties. A trois joueurs, rien d’excessif pour ma part mais peut-être est-ce trop long à cinq ? Ce que je lui reproche et lui fait manquer le podium, c’est que l’auteur a voulu faire rentrer trop de mécaniques différentes. Contrairement à Navegador qui est accessible à un public familial, Norenberc en a le style mais est destiné à des joueurs déjà confirmés.
3. Les Châteaux de Bourgogne La deuxième bonne surprise du week-end ! Chaque joueur possède son plateau individuel qui représente la vallée de la loire. (oui, rien à voir avec le titre, c’est comme le camembert en allemagne ! ) Il faut bâtir chateaux, villes, fermes et port pour développer son domaine. Pour cela, on s’appuie sur deux dés qui déterminent deux actions à chaque tour. Mais les dés représentent plus un support pour la réflexion du joueur qu’une véritable contrainte. Cela permet de jouer plus vite. Il existe bien sûr des combinaisons recherchées qui permettent avec deux actions de départ d’en réaliser trois ou quatre et quand on y arrive, c’est la jubilation. Surtout si on le fait sous le nez du prochain joueur ! De plus, le jeu est astucieusement découpé en 4 phases de 5 tours. Or les actions à mener en début de phase ne sont pas les mêmes que celles à jouer en fin de phase. Arrivé au dernier tour de la phase, il faut donc choisir entre préparer la phase suivante ou profiter jusqu’au dernier moment de la phase en cours… Cela permet de relancer régulièrement l’intérêt de la partie. Enfin, il y a différentes possibilités de marquer les points de victoire et si vraiment on connaît le jeu par coeur, il est possible de démarrer avec un plateau différent (la géographie des vallées) Au final, un jeu qui tourne bien, équilibré et pour lequel je réfléchis en terme de « mouton », « église » et « château » et non pas « cube blanc », « cube gris » et « cube marron », j’en redemande !
2. Sid Meier’s Civilization : Jeu de Plateau Ce jeu est une adaptation du jeu vidéo Civilization qui est lui-même une adaptation du jeu de plateau de civilization édité dans les années 80. Ce jeu me plaît parce qu’il ne fait pas abstraction de la géographie : l’eau ne se franchit pas aisément et des ressources spéciales ne sont présentes que dans un endroit unique, les armées s’approchent des villes avant de lancer leurs attaques.
Chaque civilization démarre avec ses points forts et ses ressources, il appartient au joueur d’en faire le meilleur usage. Les mécanismes sont épurés et les tours s’enchainent vite car il est souvent possible de jouer en même temps. Le seul inconvénient concerne pour moi la force des armées avec un double hasard : lors de l’achat des unités (la force varie de 1 à 3) et lors de la sélection pour la bataille. Tout le reste, c’est du tout bon : foncez !
1. The Boss Une vraie découverte !
Un très bon jeu de bluff qui s’appuie sur des indices révélés petit à petit par chaque joueur, ce qui fait monter la pression régulièrement jusqu’à la révélation finale. Le jeu est simple à installer, simple à expliquer et relativement rapide à jouer (45 mn) même si on ne connaît pas le nombre de tours (de trois à cinq) avant que la police intervienne. Ce jeu m’a fait regretter l’achat de « Skull’n’Roses« , autre jeu de bluff mais qui ne s’appuie sur rien. Seul le regard de l’adversaire indique s’il bluffe ou pas, ce qui n’est pas forcément évident. Alors que dans The Boss, chaque joueur possède une partie de la solution, on peut s’appuyer sur son jeu pour bluffer ou démonter le bluff de l’adversaire. De plus, les règles sont efficaces et permettent jusqu’à la fin de garder la pression : au dernier tour, c’est le joueur qui a le moins misé qui dévoile son jeu en premier. Il est donc bon parfois de miser davantage à l’avant-dernier tour pour dévoiler son jeu en dernier.
Ce jeu est pour vous si vous avez un bon déodorant, nul doute que vous allez transpirer pour ramasser le magot sous le nez des autres maffieux !
Outre les deux bonnes surprises de ce week-end, j’en suis ressorti avec un peu de fatigue ludique mais c’est du au format du week-end. Il me fallait essayer tous les jeux, même ceux pour lesquels j’avais un mauvais a priori. Il me fallait toujours découvrir un nouveau jeu sans pouvoir faire une seconde partie d’un jeu plaisant. Les contraintes du vote étaient là et le contraste avec les trois jours des rencontres Edge est frappant. En contrecoup, j’ai maintenant davantage envie d’approfondir les jeux que je connais plutôt que de découvrir toujours de nouveaux jeux.
Sympas les avis sur les jeux de société !
Pour Noël la famille a enrichi sa petite colelction de jeux de société avec le Cluedo et une version cartes du Monopoly. Les vacances furent donc bien occupées.
Lis-tu les commentaires de Martin Vidberg sur son blog « L´actu en patates » de lemonde.fr ?
J´ai oublié de préciser, pour les commentaires de Martin Vidberg, je voulais parler de ceux qui concernent les jeux de société, notamment celui qu´il a crée.
Je lis son blog avec Netvibes aussi je ne prends jamais connaissance des commentaires. Mais j’irai y faire un tour…