Bêtes, Hommes et Dieux

Le roman débute en 1920 en Sibérie, où l’auteur polonais est contraint de fuir devant la milice communiste sous peine d’être exécuté. Il passe un hiver complet, tout seul, dans la forêt glacée avant de pouvoir rejoindre la Mongolie lors du dégel du printemps. Commence alors un long voyage au beau milieu d’une situation géo-politique inextricable. En effet, la Mongolie qui était depuis plusieurs siècles sous la domination de la Chine acquiert son indépendance grâce à l’influence de la Russie en 1911. Or, la révolution de 1917 sape cette influence et les chinois essaient aussitôt de reconquérir la province perdue. Mais l’armée rouge chasse les russes blancs qui trouvent refuge en Mongolie, théoriquement souveraine et donc où ils sont à l’abri des représailles soviétiques. Les chinois ne sont pas contents de cette aide inattendue aux indépendants mongols et dénoncent bien souvent ces russes blancs aux soviétiques. Dans les faits, en 1920-1922, la Mongolie est traversée par des colonnes de russes communistes, de russes royalistes et de chinois. Ajoutez à cela la résistance mongole qui pratique la guérilla et un soupçon d’interventionnisme japonais. Ce qui donne ce genre de chose :

(…) ce qui donna lieu à un spectacle étrange : une multitude de patrouille sillonnaient désormais les villes, les unes étrangères, les autres rouges, les dernières, enfin, chinoises.

p. 147

Trois patrouilles de nationalités différentes qui surveillent la même ville et bizarrement les habitants ne se sentaient pas en sécurité…

Pendant deux ans, l’auteur va tenter de survivre dans ce pays.

(…) Il frappa du poing sur la table, puis se leva et tira son revolver. Mais j’avais beaucoup voyagé parmi les nomades et les avais étudiés attentivement, qu’ils fussent princes, lamas, bergers ou brigands. Je saisis ma cravache et, frappant la table de toutes mes forces, je me tournai vers l’interprète :
– Dites-lui qu’il a l’honneur de parler à un étranger (…) Dites-lui qu’il apprenne d’abord à être un homme, et qu’alors seulement il pourra me rendre visite ; nous pourrons causer.

p. 153
Oui, deux ans, c’est le temps qu’il lui faut pour pour atteindre en sécurité la côte et de là, l’Europe.

Mais ce livre n’est pas seulement un roman d’aventure digne d’un James Bond, c’est surtout une plongée dans le bouddhisme mongol avec ses esprits, sa hiérarchie des lamas et ses rites sacrés. Une véritable aventure épique !

One Response to “Bêtes, Hommes et Dieux”

  1. jidey dit :

    Arte + 7 diffuse jusqu’au 20 juillet un reportage sur une chamane où je retrouve certains rites décrits dans le livre.

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